Au-delà de la Journée internationale de la Femme, c’est tout le mois de mars que le Groupe de Recherche Action en Santé (GRAS) consacrera à magnifier la Femme et son rôle important dans la recherche en santé. Pour ouvrir le bal, nous avons pensé à celle qui a eu un parcours professionnel spécial, car pouvant inspirer bien de jeunes scientifiques femmes comme hommes. Nous passons à la loupe Dr Noëlie Henry, une véritable passionnée de son métier à travers cet entretien.

 

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis Noëlie BERE épouse HENRY, j’ai 56 ans et mère de deux merveilleux enfants. J’’ai une expérience professionnelle de 29 ans dans les analyses biomédicales et viens d’intégrer l’équipe de recherche du GRAS depuis septembre 2021 comme biologiste.

Quel a été votre parcours scolaire, universitaire et professionnel ?

J’ai eu un parcours scolaire normal qui a commencé en octobre 1973 par l’école primaire de Wemtenga A de Kaya suivi de l’école Tounouma Nord A de Bobo-Dioulasso où j’ai passé une année. Je suis allée au Collège de l’Avenir (6ème, 5ème) puis j’ai rejoint le Lycée Ouezzin Coulibaly (LOC) où j’ai eu mon baccalauréat série D en juillet 1988.

Mon parcours universitaire est « atypique » en ce sens, que ce parcours a été parsemé de « pauses » sinon entrecoupé par mes missions professionnelles.

Il a commencé en octobre 1988 au Collège polytechnique universitaire (CPU) d’Abomey Calavi à l’Université National du Benin (UNB), où j’ai obtenu un diplôme d’ingénieur en travaux option analyses biomédicales. C’est avec ce diplôme que j’ai commencé une vie professionnelle en 1994. Et après 10 ans de carrière, je suis repartie à l’Université de Ouagadougou pour un DEA. Et là j’ai été obligée de refaire une licence et une maîtrise en microbiologie/ biochimie avant de continuer le DEA. Tout en travaillant, j’ai préparé une thèse de doctorat unique en Biochimie-Microbiologie/Biotechnologies que j’ai défendue en 2020.

Sur le plan professionnel, j’ai travaillé en le milieu hospitalier et dans la recherche clinique et j’ai une expérience en Hémato-biochimie et en bactériologie. J’ai aussi une expérience en recherche fondamentale notamment dans la culture parasitaire et l’évaluation de l’efficacité des antipaludiques par des tests ex vivo.

Pourquoi avez-vous choisi votre métier ? Quel est le degré de votre passion pour ce métier ?

L’histoire du labo et moi, est partie d’un cours de sciences naturelles sur les enzymes de la digestion en classe de terminale. Alors, après ledit cours j’ai échangé avec le professeur qui m’a suggérée une orientation pour des études en biologie et me voilà embarquée après le BAC pour des études en analyses médicales.  Et j’ai vraiment aimé et depuis le labo, c’est vraiment une passion pour moi.

Quelle est la place de la femme dans le secteur de la recherche scientifique, notamment en santé ?

Alors, il faut noter que la sensibilité des femmes les oriente vers certains métiers où elles excellent (médecine, pharmacie…). Par ailleurs, il est scientifiquement prouvé que les femmes sont plus combatives et plus résistantes que les hommes. Elles sont généralement plus fines et souples, soignées et plus douces dans leur domaine d’activité. Or ces qualités sont recherchées dans les carrières scientifiques. Avec de tels atouts, la place de la femme est capitale pour le développement de la recherche scientifique.

Malheureusement, au Burkina Faso, le tableau de bord 2019 de la recherche scientifique du MESRSI montre une faible représentation (17, 1%) des femmes dans ce domaine.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes filles qui voudraient évoluer dans le domaine de la recherche scientifique ?

Généralement les jeunes filles croient que les matières scientifiques (maths/physiques) sont dures et n’osent pas s’orienter dans les séries scientifiques. Je les invite à démystifier ces matières en étant studieuses, car seul le travail paie. Aussi, il existe l’association des femmes scientifiques (FESCIFA-PRESCITEF) qui organise et offre des cours de soutien aux jeunes filles qui voudraient emboiter des études scientifiques.

Avez-vous un dernier mot ?

Tout en souhaitant une bonne fête à toutes les femmes à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme, j’invite toutes celles qui le peuvent et en particulier les femmes scientifiques à apporter leurs contributions au développement durable en parrainant au moins une jeune fille qui voudrait s’engager dans des études scientifiques. J’interpelle les parents à encourager à soutenir l’engagement des jeunes filles aux études scientifiques.

A celles qui qui sont engagées dans la recherche scientifique je leur souhaite beaucoup de courage et de succès dans leurs projets professionnels.

A toutes les femmes, à l’occasion de cette Journée Internationale de la Femme et au moment où notre planète souffre des changements climatiques, je les invite à répondre à l’appel de l’ONU en restant mobilisées aux côtés des hommes pour un avenir durable.

Merci au GRAS pour la parole et bonne fête du 8 Mars à toutes et à tous !